L' Impardonnable peut-il être pardonné ?.
Le Crime Moral est-il pardonnable ?
Depuis
quelques décennies, des philosophes (Henri Bergson, Hannah Arendt,
Vladimir Jankélévitch, Paul Ricœur) s'efforcent d'acclimater la notion
de pardon dans l'espace particulier de la philosophie
Vladimir Jankélévitch insiste sur les faux-semblants qui ne sont pas des pardons :
. l'usure temporelle (si l'on oublie les faits, c'est tout sauf du pardon) ;
. l'excuse (réduire la gravité des faits réduit l'importance du pardon, et ne s'y substitue pas).
Selon Jankélévitch, le vrai pardon - le pardon scandaleux selon Kierkegaard - est celui qui est accordé à cause du crime et non malgré le crime.
Toutefois, la problématique paradoxale du pardon constitue au cœur de
sa pensée une difficulté fondamentale. En effet, « il oppose le refus le
plus radical au pardon des crimes contre l’humanité, puisque ce pardon
ne saurait être accordé à des crimes dont les abîmes insondables et la
méditation inépuisable dépassent l’entendement et hantent nos nuits ».
Chez Voltaire
le pardon est une démarche très philosophique dans le chapitre de la
liberté dans son célèbre discours sur l'homme. Il affirme qu'il faut
pardonner à l'erreur et aimer la vérité.
Serait-il
possible de donner le pardon à n'importe quelle faute ? n'importe
quelle erreur, et au-delà de la justice humaine organisationnelle ?.
Chez
André comte Sponville, le dépassement du pardon d'un point de vue
philosophique est la bienveillance émanent la volonté de se reconstruire
malgré les plissures physiques, psychiques et spirituelles.
Et il y a donc les conditions du pardon qui ne peut s'effectuer que si le Crime est reconnu par soi et par les autres, par la société.
Paul Ricoeur, protestant à la base, hérite dans son approche du pardon, de la notion de culpabilité, et cela renvoie à tout(e) philosophe, sa difficulté à s'abstraire de quelques siècles de conditionnement religieux.
Est-il possible de continuer à pardonner, sans cesse, comme une justification et excuse sans cesse, aux fautes et aux erreurs ?.
Jacques Derrida : le pardon fait l’épreuve de l’impossible.
Les écrits de Nelson Mandela et de Tutu interpellent par l'interface de la Commission Vérité et Réconciliation.
Sous Bill Clinton, la notion de pardon se travaille par et autour l'esclavage.
Est-il vrai que le meurtre de Jésus il y a 2000 ans comme celui de nombreuses personnes humanistes n'a servi strictement à rien sauf "de donner à voir" une conscience du Crime ?.
La notion de pardon ne peut être regardée que sous l'angle des études sur l'humain, hors toute connotation religieuse qui ne remplit que des missions "contrôlées, évocatrices, dirigées" sur le comportement de l'être humain mais ne satisfait pas la thématique, pleinement.
. on peut excuser mais ne pas pardonner
. on peut obtenir une grâce sans pour autant que le pardon soit donné
. on ne peut utiliser le pardon comme une forme rédemptrice qui permettrait "de passer à autre chose" sans avoir la Conscience du Crime commis ; car dans cette dimension, la subjectivité religieuse rencontre trop dans l'idée insufflée
Le verbe «perdonarer» signifie proprement «donner complètement, remettre» (du latin per, et donare) et a été détourné par les religions monothéistes de son sens premier.
Le pardon est laïque, non religieux, sociétal dans n'importe quel système établi de vie collective ; l'excuse est devenue dans les moeurs le mot qui traduit la volonté par une personne de pallier à une erreur commise ou "penser comme ayant été commise" et correspond à un mode raisonné comme un comportement de sociabilité acquis. Le pardon dans la sphère privée, sociale, professionnelle est plus connotée soit comme une graduation d'une faute commise ou sensée avoir été commise, et a trait à un mode plus émotif que l'excuse.
Le pardon n'est pas en interaction directe avec la justice humaine ou la représentativité de/des société(e)s car elle fonctionne "à côté". Le Crime peut être puni comme il peut être dit mais la notion de pardon se place "à côté" de....
La société contemporaine a soulagé des victimes et s'est soulagée de ses fautes et de ses erreurs sur ces derniers 3000 ans d'Histoire en mettant la notion de pardon comme une fonction réparatrice autant pour les victimes que la société.
La réparation passe-t-elle par le pardon ?.
Je suis encline à penser comme Voltaire ; mais en pensant à l'erreur, la faute, le Crime, et la recherche de la Vérité, pas forcément sous l'égide du pardon. En effet, je pense que les valeurs se juxtaposent, se mêlent, ne sont plus clairement identifiées donc comme vraisemblables, et que la notion de pardon s'est perdue dans des strates obscures civiles comme des déroutes religieuses
La pédophilie peut-elle se pardonnée ?.
Il y a de façons souterraines une perte de sens du mot "pardonner" dont en psychologie où le pardon devient "un objet projectif fantasmé" comme quoi l'individu doit pardonner pour aller mieux. Ce qui a mon sens lui fait porter la responsabilité et sa responsabilité, un acte improbable comme une pensée impensable.
Le pardon devient-il par truchement, un acte de bienveillance ?.
Comment une Civilisation qui demande le pardon dans certaines situations depuis le 20ème siècle (Rwanda) va continuer de donner le pardon parce qu'il est trop tard quand de nouveau le Crime est commis au 21ème ?.
Salvador Dali avait compris que entre la Mort qu'il peint soit la guerre en Espagne et le meurtre de Jésus, 2000 ans avant, le pardon n'avait servi à rien, de façon laïque-publique-sociétale.
. l'excuse peut être entendue mais dans des situations graves, le pardon exprimé ne relève-t-il pas de l'Indécence ? et il vaut mieux accepter juste l'excuse.
. le pardon n'oblitère pas le moment passé ni la mémoire et ne peut soulager des consciences sans conscience ; et là est un des noeuds d'une utilisation si aisée du pardon qui serait comme celui qui va tout arranger.
. le pardon n'est pas rédempteur, versus religieux, et n'est pas non plus résiliant, versus civil.
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